Première participation des femmes aux JO

  • Publié
  • 4 minutes de lecture

         En 1900, des athlètes féminines prennent part aux Jeux Olympiques (JO) de Paris car le Comité International Olympique (CIO) souhaite œuvrer pour l’égalité homme-femme dans le sport et appuyer la dimension universelle de la compétition.

Pierre de Coubertin, baron français à l’origine de la rénovation des Jeux Olympiques modernes et président du CIO, se place à la tête du Comité d’organisation des JO de Paris 1900. Ce dernier déclare plus tôt, en 1894, vouloir des « Jeux à l’échelle du monde, ouverts à tous, à tous les pays, à toutes les races et à toutes les religions ».

La pratique féminine dans le sport est « impratique, inintéressante [et] inesthétique » ?

L’édition précédente d’Athènes 1896 est exclusivement masculine et l’accès à la pratique pour les femmes est refusé. Lors de la IIe Olympiade à Paris en 1900, P. de Coubertin exclut les femmes, à l’exception des épreuves de tennis et de voile, dans un premier temps, qui sont des sports  aristocratiques. Il décrit ces sports comme compatibles avec leur « fragilité ». Elles sont également admises dans trois disciplines mixtes : le croquet, l’équitation et le golf.

La promotion des JO de 1900 pose un problème quant à cette inclusion. L’affiche officielle retenue est un dessin par Jean de Paleogu qui représente une escrimeuse, alors qu’il faut attendre les JO de Paris 1924 pour que les femmes soient admises aux épreuves d’escrime.

Coubertin juge que la pratique féminine dans le sport est « impratique, inintéressante [et] inesthétique. » D’après lui, les femmes doivent être au côté de leur mari et peuvent être dans le stade pour applaudir les hommes mais pas pour prendre part à la compétition. Le dernier argument est lié à un problème de masculinisation et virilisation du sport : la femme doit être « belle pour être utile » et est incitée à entrer dans la maternité. Le Comité d’organisation des JO de Paris 1900 réduit la présence féminine durant ces JO pour des raisons discriminantes, bien qu’il s’agisse des mœurs de l’époque.

Sur les 997 athlètes représentant les 24 nations participantes, seulement 22 sont des femmes, dont 14 françaises. La britannique Charlotte Cooper est la première championne olympique d’une épreuve individuelle de l’histoire des JO, médaillée le 11 juillet 1900 après avoir remportée le simple dames en tennis.

« Encourager et soutenir la promotion des femmes dans le sport »

En 1908, la première Charte Olympique établit dans le chapitre 1, règle 2.8, que le rôle du CIO « est d’encourager et soutenir la promotion des femmes dans le sport, à tous les niveaux et dans toutes les structures, dans le but de mettre en œuvre le principe d’égalité entre hommes et femmes. » Sur les éditions suivantes, les femmes sont inclues progressivement de manière timide et minoritaire dans d’autres pratiques non mixtes.

Révoltée par cette exclusion, Alice Millat (nageuse française) fonde en 1921 la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) qui organise les premiers JO exclusivement féminins à Paris en 1922. La démission de Coubertin du CIO, en 1925, bénéficie aux athlètes féminines. En 1928, lors des JO d’Amsterdam, les épreuves s’ouvrent à la participation féminine dans des disciplines moins aristocratiques comme l’athlétisme et la gymnastique.

Cet exemple dévoile que l’égalité homme-femme dans les compétitions sportives est une cause qui préoccupe depuis plus d’un siècle. Un combat qui est toujours d’actualité lorsque l’on constate la place médiatique des compétitions sportives féminines.

 

Crédit image : La joueuse de tennis Charlotte Cooper, la première femme championne olympique le 11 juillet 1900 à Paris. ©Getty – Hulton Deutsch / Contributeur.

Pour aller plus loin

Articles :
CYNTHIA, « De Paris 1900 à 2024: les femmes conquièrent les Jeux Olympiques ». https://www.thewomensvoices.fr/business/de-paris-1900-a-2024-les-femmes-conquierent-les-jeux- olympiques/ , consulté le 20 octobre 2025.

Elsa PECOT et Collectif Z, « Les femmes ont-elles le droit de courir ? Et autres grandes questions sur les Jeux olympiques et paralympiques », Z: Revue itinérante d’enquête et de critique sociale, 16-1, 2024, p. 8‐13.

IOC, « Charlotte COOPER », https://www.olympics.com/fr/athletes/charlotte-cooper , consulté le 20 octobre 2025.

IOC, « Quand les femmes participent-elles pour la première fois aux Jeux Olympiques ? » , https://www.olympics.com/cio/faq/histoire-et-origine-des-jeux/quand-les-femmes-participent-elles-pour- la-premiere-fois-aux-jeux-olympiques , consulté le 20 octobre 2025.

Marion PHILIPPE, « Des femmes sportives aux Jeux olympiques: une acceptation sous conditions (1896-1936) », Savoir/Agir, 64-1, 2024, p. 147‐160.

Paule NATHAN, « Histoire de la femme et du mouvement olympique – La médecine du sport ». https://www.lamedecinedusport.com/sports/histoire-de-la-femme-du-mouvement-olympique/ , consulté le 20 octobre 2025.

Sophie DANGER, « Les Premiers Jeux Olympiques féminins ». https://stadium.museedusport.fr/stadium/fr/content/jeuxmondiauxfeminins , consulté le 20 octobre 2025.

Yannick RIPA, « Les Femmes aux jeux Olympiques | EHNE ». https://ehne.fr/fr/encyclopedie/th%C3%A9matiques/genre-et-europe/le-corps-genr%C3%A9-en-europe- entre-contrainte-et-%C3%A9mancipation/les-femmes-aux-jeux-olympiques , consulté le 20 octobre 2025.

Ouvrage :
Aymeric MANTOUX, Pierre de Coubertin : L’homme qui n’inventa pas les Jeux olympiques, Faubourg, 2024.

Sophie Danger, Alice Milliat, la femme olympique, Les Pérégrines, 2024.

Ne manquez aucun article d'EnQuête d'Histoire !

Abonnez-vous pour recevoir chaque mois le récap des nouveaux articles publiés sur EnQuête d’Histoire !