Léonard VS Michel-Ange

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La République, qui vient tout juste de chasser les Médicis, affirme son pouvoir en commandant auprès de deux des plus grands artistes de leur temps – Michel-Ange et Léonard de Vinci – une commande inestimable à la gloire de la jeune Florence.

Florence, 1503. Dans la vaste salle du Grand Conseil du Palazzo Vecchio, la jeune République passe commande auprès de Michel-Ange et de Léonard de Vinci de deux fresques monumentales. Hautes de plus de sept mètres et longues d’une quinzaine, celles-ci se confrontent. Chacune doit illustrer une victoire florentine : lorsque Léonard s’attelle à la Bataille d’Anghiari (1440), Michel-Ange se charge de la Bataille de Cascina (1364). Ce face-à-face de l’histoire militaire de Florence devient un manifeste artistique et politique.

Bien qu’inachevée, l’œuvre de Léonard concentre son attention sur un groupe resserré de cavaliers et de chevaux, luttant pour s’emparer d’une bannière. Le nœud de la composition réside en cette mêlée dramatique, où chaque geste traduit la fureur et la tension psychologique de la guerre. Plus que la victoire, Léonard représente le mouvement : animations des corps, agitation des montures, énergie qui traverse l’ensemble et qui traduit une réflexion sur la dynamique des passions humaines.

À l’opposé, Michel-Ange, dans la Bataille de Cascina, saisit les soldats florentins surpris au bain. L’événement militaire devient un prétexte pour déployer une galerie de nus masculins en action. Étirements, torsions, rotations inédites annoncent les recherches anatomiques de la chapelle Sixtine. Le combat est éclipsé derrière la démonstration virtuose d’un corps idéalisé, instrumentalisé par la peinture pour exprimer force, tension et beauté.

Ces deux projets, placés face à face dans le Palazzo Vecchio, ont une portée politique évidente : ils exaltent la gloire militaire de la République dans le lieu même de son pouvoir. Mais l’enjeu se veut aussi esthétique : confronter les deux génies contemporains sur la question de la représentation du mouvement et du corps. L’un, Léonard, cherche à capter la vie psychologique au cœur du tumulte ; l’autre, Michel-Ange, fait du corps nu l’acteur principal d’un récit.

Crédit image : Web Gallery of Art. Battle of Cascina (central section), Michelangelo, 1505, Holkham Hall, Norfolk.

Pour aller plus loin

La bataille de Cascina : quand Michel-Ange rivalisait avec Léonard de Vinci, Disponible sur Finestre sull’Arte : https://www.finestresullarte.info/fr/oeuvres-et-artistes/la-bataille-de-cascina-quand-michel-ange-rivalisait-avec-leonard-de-vinci

Leonardo’s Battle of Anghiari – reviewing archival evidence, Disponible sur 3 Pipe Problem : http://www.3pp.website/2012/04/leonardos-battle-of-anghiari-reviewing.html*

Studies for Battle of Cascina : Disponible sur WGA : https://www.wga.hu/html_m/m/michelan/4drawing/02/index.html

Studies for Battle of Anghiari : Disponible sur WGA : https://www.wga.hu/frames-e.html?/html/l/leonardo/06anghia/index.html

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