Attentat anarchiste à l’Assemblée nationale

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          Auguste Vaillant mène, en 1893, une attaque à la bombe contre les députés français qui fait plusieurs dizaines de blessés. Son action s’inscrit dans une vague d’attentats anarchistes qui marque la dernière décennie du XIXe siècle.

9 décembre 1893, il est 16 heures. Léon Mirman, député de la Marne, achève son discours devant l’Assemblée nationale. Soudain, une détonation retentit au milieu des tribunes du Palais Bourbon. Une bombe vient d’exploser. Elle fait soixante blessés mais aucun mort n’est à déplorer.

L’engin explosif a été lancé par l’anarchiste Auguste Vaillant. Né en 1861 à Mézières, dans le département des Ardennes, il est abandonné par son père puis livré à lui-même dès l’âge de douze ans. Il connaît une enfance de misère et est arrêté à plusieurs reprises pour vol et mendicité. Installé à Paris, Vaillant adhère à des groupes anarchistes à partir de 1889. L’idéologie anarchiste se développe alors en France depuis les années 1850. Elle prône un rejet de l’autorité de l’État dans un contexte de fracture sociale entre le monde ouvrier et les élites dirigeantes.

Faire réagir le pouvoir face à l’ampleur de la misère sociale

Blessé par l’explosion, Vaillant est évacué vers l’hôpital de l’Hôtel-Dieu. Ce n’est que le lendemain qu’il reconnaît être l’auteur de l’attentat. Son procès se tient le 10 janvier 1894. Il présente son geste comme une action pour faire réagir le pouvoir face à l’ampleur de la misère sociale. Réfutant la volonté de tuer, il précise que l’objectif de sa bombe était seulement de blesser.

Le président de la République Sadi Carnot (1887-1894) refuse de gracier le condamné  et ce malgré une pétition signée par près de 60 députés dont l’abbé Lemire, principal blessé de l’explosion. Auguste Vaillant est guillotiné le 5 février 1894. Après son exécution, il devient une figure de martyre pour les anarchistes ; sa tombe se dresse comme un lieu de pèlerinage et des chansons sont écrites en sa mémoire.

L’État répond par un cycle répressif

L’action de Vaillant s’inscrit dans une vague d’attentats anarchistes qui frappe la France dans la dernière décennie du XIXe siècle. Elle est précédée de l’explosion du commissariat des Bons-Enfants en 1892, puis suivie par l’attentat du café Terminus et l’assassinat du président Sadi Carnot en 1894.  Ces attaques instaurent un climat de peur au sein des élites dirigeantes. Face à ces actes de violence, l’État répond par un cycle répressif et adopte les “lois scélérates” en 1893 et 1894. Elles renforcent la lutte contre l’engagement anarchiste, et interdisent notamment la publication de leurs journaux. Il faut attendre 1992 pour que ces lois soient abrogées.

 

Crédit image : Une du Supplément illustré du Petit journal du 23 décembre 1893, n°161 ; Bnf Histoire, philosophie, sciences de l’homme, FOL-LC2-3011.

Pour aller plus loin :

Karine Salomé, “Le 9 décembre 1893, attentat anarchiste à la Chambre des députés.” Parlement[s], Revue d’histoire politique, 2021/2 N° HS 16, p.145-152.

Gilles Ferragu, « Le moment anarchiste en France et en Europe ». Histoire du terrorisme, Perrin, 2024. p.105-138.

Jean Garrigues , Les anars contre la république, L’Histoire, n°191, 1995 : https://www.lhistoire.fr/les-anars-contre-la-r%C3%A9publique

Fiche biographique d’Auguste Vaillant sur Militants-anarchistes.info : https://militants-anarchistes.info/spip.php?article12847

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