Le partage de Babylone en 323 avant J.-C, censé apaiser les tensions, attribue les provinces de l’empire (Égypte, Macédoine, Grèce, Perse… Voir carte) aux généraux tandis que Philippe III Arrhidée et Alexandre IV, fils posthume d’Alexandre, sont proclamés rois mais sous tutelle. Rapidement, les ambitions personnelles prennent le dessus sur la succession officielle.

Ptolémée, Séleucos, Antigone, Cassandre ou Lysimaque rêvent d’obtenir une part de l’immense empire qu’il laisse derrière lui.  Les satrapies (divisions administratives de l’empire) deviennent des royaumes, les alliances se font et se défont. La première génération des Diadoques passe son temps à s’entredéchirer.

Antigone le Borgne nourrit l’espoir de reconstituer l’unité de l’empire. Inquiets de ses prétentions, ses rivaux s’unissent contre lui. Sa mort à la bataille d’Ipsos, en 301 av. J.-C., marque la fin de cette ambition impériale. Dans les décennies suivantes, disparaissent tour à tour Cassandre (297 av. J.-C.), Lysimaque (281), Séleucos Ier (281) et Ptolémée Ier (279).

Ces guerres et jeux d’alliances redessinent la carte du monde héllénistique durant la période qui suit la mort d’Alexandre le Grand et se caractérise par la diffusion de la culture grecque en Égypte, au Proche-Orient et en Asie. Trois grandes dynasties s’y imposent durablement : les Séleucides, les Lagides et les Antigonides.

Les Séleucides : relève de l’empire Perse

Séleucos Ier Nicator, nommé satrape de Babylonie lors du partage de 323  av. J.-C., se proclame roi en 305. Son empire s’étend de l’Anatolie jusqu’à l’Indus, englobant la Mésopotamie, la Perside et la Médie. Il apparaît ainsi comme l’héritier de l’empire perse Achéménide. Ce dernier est fondé par Cyrus le Grand et est connu comme l’adversaire principal des Grecs au V siècle avant J.-C.

Bâtisseur et promoteur d’une fusion entre élites iraniennes et macédoniennes, Séleucos fonde un empire oriental foisonnant mais fragile avec de multiples communautés. Les cités réunies en confédérations  coexistent avec de puissants sanctuaires anatoliens, propriétaires de vastes domaines agricoles. Les katokoi (colons gréco-macédoniens) bénéficient d’une autonomie en l’absence du roi.

Le pouvoir séleucide repose avant tout sur la capacité du souverain à s’imposer. Plutôt qu’un État unifié, le royaume séleucide est un ensemble mouvant de territoires aux statuts variés et où chaque communauté conserve ses particularités. De fait, les rois s’adaptent à cette diversité pour mieux être acceptés.

Les Lagides : des pharaons gréco-macédoniens

Le principal adversaire des Séleucides est Ptolémée Ier Sôter, satrape d’Égypte à partir de 323 av. J.-C. En 305 av. J.-C., il se proclame roi, fondant la dynastie des Lagides. Héritier du monde grec, il se fait reconnaître comme pharaon par les Égyptiens. Ce statut le rapproche d’Alexandre, dont il possède la dépouille et le monopole des prêtrises.

Sous les Lagides, l’Égypte est un royaume doté d’institutions solides et d’une administration efficace. Le pouvoir s’appuie sur la continuité des structures égyptiennes anciennes comme les nomes (circonscriptions dirigées par un nomarque). Elle profite d’une grande autosuffisance par son armée répartie sur le territoire en clérouquies (terres militaires) et par le Nil. Ce dernier relie l’Égypte à un vaste réseau commercial méditerranéen, faisant du royaume lagide une véritable thalassocratie.

La dynastie parvient ainsi à maintenir sa puissance pendant plusieurs siècles au travers de figures comme Cléopâtre VII, jusqu’à l’arrivée de Rome.

Les Antigonides : la pseudo-continuité des Argéades

Antigone le Borgne se proclame roi en 305 av. J.-C. sur un territoire instable d’Asie Mineure. Après sa mort, son fils Démétrios Poliorcète poursuit son œuvre dans le Péloponnèse.

De cette lignée naît la dynastie des Antigonides, qui parvient à restaurer la puissance macédonienne. Leur royaume, centré sur la Macédoine, intègre des communautés diverses : Macédoniens, Illyriens, Péoniens. Il s’appuie sur une organisation fédérale articulée autour des cités et de leurs ethnos (une appartenance à un peuple au-delà d’une cité).

Le roi Antigonide est l’héritier du royaume de Macédoine. Ainsi, il s’inscrit dans la continuité des Argéades (dynastie d’Alexandre). Il cumule les fonctions de chef de guerre, grand prêtre et souverain. Il gouverne avec l’appui d’un conseil royal composé de ses philoi (proches) et de ses généraux, tempéré par l’assemblée du peuple. Contrairement à d’autres dynasties hellénistiques, les Antigonides refusent le culte royal : leur légitimité s’enracine dans la continuité d’Alexandre et de Philippe II, dont ils revendiquent l’héritage à travers la monnaie, la toponymie et les symboles royaux.

De la chute d’un empire naît une mosaïque de royaumes : les Diadoques brisent l’unité de l’empire d’Alexandre tout en préservant son héritage.